Pierre-Nicolas Perrier et son épouse, Rose-Adélaïde Jouët, fondent en 1811 (date portée) une maison de négoce de champagne. Deux ans plus tard, le couple acquiert les constructions du n° 24 de l'avenue de Champagne à Epernay. Il semble qu'un groupe de petits bâtiments ne sont achetés que dans un deuxième temps. Sous la Restauration et la Monarchie de Juillet, la maison Perrier-Jouët, qui connait un réel essor, doit agrandir ses caves et construire de nouveaux locaux. Les travaux se déroulent de 1837 à 1841 ; d'autres édifices semblent avoir été construits sous le Second Empire. En 1877, une halle à marchandises est élevée au fond du site, par Eugène Cordier, l'architecte du château Perrier. Ce château, qui servait de logement patronal, a été édifié en 1854 de l'autre côté de la rue pour Charles Perrier, le fils de Pierre-Nicolas ; depuis 1949, il est transformé en bibliothèque municipale et musée. Un dernier cellier est implanté sur le site dans le quatrième quart du 19e siècle. Tous ces bâtiments ont été remaniés à la suite des destructions de la Première Guerre mondiale. La maison Perrier-Jouët dispose d'un fonds d'archives.
Etablissement de vins de champagne Perrier-Jouët
Dossier IA51000357 inclus dans Généralités réalisé en 1996Fiche
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Le site depuis la cour : à gauche le cellier de 1837, à droite le logement patronal
- Impression
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Parties constituantes
- logement patronal
- remise
- cuvage
- atelier de fabrication
- magasin industriel
- chai
- cour
Dossiers de synthèse
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Établissements vinicoles
Champagne-Ardenne
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Habitat patronal
Champagne-Ardenne
Sommaire
Précision dénomination |
établissement de vins de champagne |
Appellations | dit établissement vinicole Perrier-Jouët |
Parties constituantes non étudiées | logement patronal, remise, cuvage, atelier de fabrication, magasin industriel, chai, cour |
Dénominations | établissement vinicole |
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Plan de site, état en 2012
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[Extrait du plan cadastral d'] Epernay. Section D2 dite de la Ville. 1 : 1250. 1831. 1 plan : en noir et blanc (AD Marne : 3 P 939/9)
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Plan des bas-celliers / G. Martin architecte ; A. Guichon archiecte. 1 : 200. 1927. 1 plan : en noir (AD Marne)
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Plan de la basse-cave / G. Martin architecte ; A. Guichon architecte. 1 : 200. 1927. 1 plan : en noir (AD Marne)
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Plan des caves / G. Martin architecte ; A. Guichon architecte. 1 : 200. 1927. 1 plan : en noir (AD Marne)
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Au pays du Champagne. Epernay illustré. 205 - Le château Perrier. La cour d'honneur / Emile Choque phot. [1ère moitié 20e siècle]. 1 impr. photoméc. (carte postale) : n. et b. (AD Marne : Fi Epernay)
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Au pays du Champagne. Epernay illustré. 43 - Le château Perrier (A) / Emile Choque phot. [1er quart 20e siècle]. 1 impr. photoméc. (carte postale) : n. et b. (AD Marne : Fi Epernay)
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Le Château Perrier siège de la Bibliothèque municipale d'Epernay / P. Chandon de Briailles photographe. [milieu 20e siècle]. 1 photogr. : n. et b. (AD Marne : Fi Epernay)
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Entrée du site et façades sur l'avenue de Champagne : à gauche le logement patronal et à droite le cellier de 1837
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Le site depuis la cour : à gauche le cellier de 1837, à droite le logement patronal
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Ancienne halle à marchandises construite en 1877
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Celliers implantés dans l'ancien jardin dans le dernier quart du 19e siècle
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Entrée de l'usine avec une remise ayant abrité des logements
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Remises vues depuis le nord
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Remises vues depuis le sud-est
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Magasins industriels vus depuis le sud-ouest
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Magasin industriels vu depuis le nord-est
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Atelier de fabrication vu depuis le nord-est
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Cuvage vu depuis le nord
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Vue intérieure du cuvage
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Portail d'entrée et pavillon de logements
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Détail du balconnet d'une fenêtre du premier étage de la façade sur rue du logis
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Façade sur rue du logis
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Elévation du logis sur la cour
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Façade sur cour du bâtiment du cellier
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Façade sur cour du bâtiment du cellier
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Bâtiment du cellier, pavillon de logements sur la rue
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Bâtiment en fond de cour principale
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Travée centrale du bâtiment en fond de cour principale
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Lucarne de la travée centrale du bâtiment en fond de cour principale
Aire d'étude et canton | Marne - Épernay 2 |
Hydrographies | Marne la |
Adresse |
Commune : Épernay Adresse : 24 avenue de Champagne Cadastre : 1987 BH 105, 156, 157 |
Période(s) |
Principale :
2e quart 19e siècle
Principale : 3e quart 19e siècle Principale : 4e quart 19e siècle Principale : 2e quart 20e siècle |
Dates |
1837,
daté par source
1854, daté par source 1877, daté par source |
Auteur(s) |
Auteur :
Cordier Eugène,
architecte,
attribution par travaux historiques
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Le site du 24 avenue de Champagne présente un plan en L. A gauche de l'entrée, le logis en équerre (A) à deux étages carrés, à toits à longs pans couverts d'ardoise, présente des murs enduits et des encadrements en brique. Ses deux portes-fenêtres à balconnet en façade sur rue pourraient remonter au 3e quart du 18e siècle. A droite du portail, les anciens celliers (B) développent une façade tripartite sur trois niveaux (arcs segmentaires au rez-de-chaussée inspirés des façades des hôtels jumeaux de Jean-Rémy Moët ; grandes baies cintrées au 2e niveau et baies rectangulaires pour le dernier niveau). La partie centrale légèrement plus basse accueillait les celliers proprement dits. Cet ensemble d'architecture néoclassique répond au logis patronal en adoptant une hauteur, des chaînes d'angles et une corniche identiques. Le bâtiment en rez-de-chaussée en fond de cour (ancien cellier d'expédition ; C) est percé d'une série d'arc segmentaires similaires à ceux du rez-de-chaussée des anciens celliers. Le toit à longs pans brisés couvert d'ardoises soutient une lucarne monumentale portant notamment la date de fondation de la société. A l'arrière de cet ensemble primitif et situé sur les anciens jardins, un second ensemble est composé de nouveaux celliers (E) en U à étage carré et de la grande halle à marchandises (D). Cette dernière présente des pans de bois à remplissage de briques au rez-de-chaussée, surmontés de baies vitrées. La charpente en sapin couvrant toute la largeur de l'espace, sans pilier intermédiaire, était assez novatrice pour l'époque. Enfin, à l'est, d'autres celliers, à deux pignons en façade, reprennent les mêmes modes constructifs que les bâtiments plus anciens.
Murs |
calcaire
brique bois enduit pierre de taille pan de bois |
Toit | ardoise, tuile mécanique |
Étages | rez-de-chaussée, 1 étage carré, 2 étages carrés, étage de comble |
Couvrements |
charpente en bois apparente
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Élévations extérieures | élévation ordonnancée |
Couvertures |
toit à longs pans
toit à longs pans brisés toit en pavillon appentis croupe |
Énergies |
énergie électrique
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Typologies | arc segmentaire, arc plein cintre, oculus, baie rectangulaire |
États conservations | bon état, restauré, remanié |
Statut de la propriété |
propriété privée
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Annexes
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De 1811 à l´An 2000 : l´Epopée d´une Grande Marque
Dans l´avenue de Champagne à Epernay, gravée sur le péristyle de la maison Perrier-Jouët, la date de 1811 conjugue deux naissances : celle du roi de Rome, et celle d´une prestigieuse marque de champagne, Perrier-Jouët, le champagne à la fleur de Gallé. Quand en 1811 Pierre Nicolas Marie Perrier marié à Adèle Jouët décide de fonder la Maison de Champagne Perrier-Jouët à Epernay, il avait déjà en tête les projets les plus grandioses.
Depuis quelques générations, sa famille se consacrait à la fabrication de bouchons destinés aux grandes marques de champagne. Petit à petit, les rêves du fondateur devinrent réalité. Dès 1815, Perrier-Jouët était expédié au Royaume-Uni et en 1837 aux Etats-Unis.
Mais c´est surtout son fils Charles Perrier qui dans le sillage de son père, décide de développer la marque notamment dans l´Angleterre de la Reine Victoria dont la cour aimait à se désaltérer de Perrier-Jouët. En 1854, Charles Perrier succède à son père et décide de développer la renommée du champagne Perrier-Jouët à l´étranger. Ses efforts se concentrèrent sur plusieurs pays dont le Royaume-Uni. Perrier-Jouët est ainsi la première marque de champagne à élaborer, à la demande de ses clients anglais, des champagnes bruts et des cuvées millésimées.
Homme de contacts, et entrepreneur habile, Charles Perrier accéda à la charge supérieure de la ville d´Epernay et en devient maire au milieu du siècle. Il construit le Château Perrier.
Entre 1840 et 1870, Perrier-Jouët constitue l´essentiel de son vignoble situé dans les meilleurs crus de Champagne : Aÿ, Verzenay, et surtout Avize et Cramant, région qui avait inspiré le fondateur. Il avait été le premier à reconnaître les vertus spécifiques des raisins blancs de Chardonnay dans l´élaboration des cuvées. C´est à ce moment là qu´il se rend acquéreur des meilleurs coteaux de Cramant. A cette époque, Perrier-Jouët expédie déjà plus d´un million de bouteilles dont les trois quarts à destination du Royaume-Uni.
Dépourvu de descendants, Charles Perrier appela à sa succession, l´un de ses neveux Henri Gallice qui fut le premier président de l´Association Viticole Champenoise. En 1890, Perrier-Jouët produit un million de bouteilles, et la maison fait partie de la caste fermée ''des grands du champagne''.
G.H. Mumm, Société Champenoise de Reims, acquiert la Maison Perrier-Jouët en 1959. Celle-ci devient donc, au début des années 1970, l´un des fleurons du portefeuille de marques du groupe canadien Seagram, leader mondial des vins et spiritueux. 1964 marque un tournant décisif dans la page d´histoire de Perrier-Jouët. Pierre Ernst, alors Directeur Commercial, et André Baveret, Chef de Caves, redécouvrent chez Perrier-Jouët un flacon imaginé par Gallé en 1902, émaillé d´anémones en arabesques.
En 1969, le lancement de la cuvée Belle Epoque confirme le succès de la marque Perrier-Jouët et constitue indéniablement la plus belle réussite des cuvées de prestige de l´après-guerre.
Michel Budin, alors Directeur Général, et Pierre Ernst son successeur, sont les artisans du rayonnement de la marque et du succès de cette grande Cuvée Belle Epoque qu´ils lancent en 1969 chez Maxim´s et chez Fauchon, deux établissements de prestige qui accueillent le tout Paris.
C´est en 1975 seulement que la Cuvée Belle Epoque, alors baptisée ''Fleur de Champagne'' est introduite aux Etats-Unis pour devenir rapidement l´une des têtes de cuvées les plus prisées outre Atlantique.
Grâce à la bouteille aux anémones et à la qualité de ses assemblages, la renommée de Perrier-Jouët s´étend dans le monde et ce sont trois millions de bouteilles qui seront expédiées par an dès la fin des années quatre vingt.
Perrier-Jouët devient ainsi la troisième maison exportatrice, sur le marché américain. En 1987, Perrier-Jouët fête à New York, le 150ème anniversaire de sa première expédition sur le continent Nord Américain.
Plus récemment, l´année 1991 se distingua par deux faits marquants :
-l´attribution de la ''Grappe d´Or'' à Perrier-Jouët par le Guide Hachette des vins. Cette distinction est la seule décernée parmi quelques 13.000 vins dégustés. Une belle reconnaissance.
-... et surtout, l´inauguration de la Maison Belle Epoque, havre de douceur qui dans un décor étonnant voit s´épanouir une collection unique au monde : Majorelle, Gruber, Carabin, Vallin, Guimard, Gallé, les noms les plus prestigieux de l´Art Nouveau signent meubles et objets de la Maison.
De la création de la cuvée Belle Epoque à la naissance de cette maison d´hôtes, 25 ans plus tard, toute l´évolution de Perrier-Jouët se retrouve dans ce mariage avec l´Art Nouveau, éblouissant écrin pour un champagne exceptionnel.
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Une page d´histoire et d´émotion pour PERRIER-JOUËT et sa cuvée Belle Epoque
[Chronologie]
1811 : Pierre Nicolas Marie Perrier, marié à Adèle fonde la Maison de champagne Perrier-Jouët à Epernay.
1813 : Achat des locaux où Perrier-Jouët continue aujourd´hui d´exercer son activité.
1815 : Première expédition au Royaume-Uni.
1817 : Première expédition aux Etats-Unis.
1854 : A la mort de son père, Charles Perrier lui succède à la tête de la société. C´est à cette époque que Perrier-Jouët développe considérablement sa production. Il est la première marque de champagne à élaborer, à la demande de ses clients anglais, des champagnes bruts, et des cuvées millésimées.
1840-1870 : Pendant ces années, Perrier-Jouët constitue l´essentiel de son vignoble parmi les meilleurs crus de la Champagne : Aÿ, Mailly, et surtout Avize et Cramant où le fondateur de Perrier-Jouët avait été le premier à reconnaitre les vertus spécifiques des raisins blancs de Chardonnay dans l´élaboration des cuvées, et se rendit acquéreur des meilleurs coteaux de Cramant.
1900 : Perrier-Jouët expédie alors plus d´un million de bouteilles dont les trois quarts à destination du Royaume-Uni.
1902 : Emile Gallé, maître verrier de l´Ecole de Nancy, créé pour Perrier-Jouët un flacon gravé d´anémones en arabesques.
1964 : Pierre Ernst, redécouvre chez Perrier-Jouët, le fameux flacon de Gallé. Le mythe de la cuvée Belle Epoque naît.
1965 : Un maître verrier capable de mettre en oeuvre des émaux en relief sous l´effet de la chaleur, reproduit le flacon de Gallé.
1969 : La cuvée Belle Epoque 1964 est lancée chez Maxim´s.
1970 : La cuvée Belle Epoque 1964 est lancée chez fauchon et sur le marché français.
1975 : La cuvée Belle Epoque est lancée sur le marché américain.
1983 : La cuvée Belle Epoque Rosé 1978 est lancée au cours d´une grande soirée parisienne chez Maxim´s.
1990 : La Maison Belle Epoque est ouverte. Les noms les plus prestigieux de l´Art Nouveau de la Belle Epoque (Majorelle, Guimard...) signent meubles et objets. Ainsi la maison d´hôtes de Perrier-Jouët devient un extraordinaire vecteur de communication sur le thème de la Belle Epoque.
Références documentaires
Documents d'archives-
Archives départementales de la Marne, Châlons-en-Champagne : Fi
AD Marne : Fi. Iconographie.
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p. 96
BLIN, Maurice (dir.), CLAUSE, Georges, GLATRE, Eric (rédac.). Le champagne, trois siècles d'histoire. Paris : Stock, 1997. 205 p.
-
Maison Perrier-Jouët, p. 98-101
CRESTIN-BILLET, Frédérique. Vins de Champagne. Les grandes maisons de Champagne. [Grenoble] : Glénat, 1991. 159 pages.
-
p. 93-97
DROUIN, Catherine. La maison de champagne Perrier-Jouët à Epernay. In ASSOCIATION POUR LE PATRIMOINE INDUSTRIEL DE CHAMPAGNE-ARDENNE, DOREL-FERRE Gracia (dir.). Le patrimoine des caves et des celliers. Vins et alcools en Champagne-Ardenne et ailleurs : Actes du colloque international de l'APIC (Aÿ, 17-19 mai 2002). Reims : SCEREN-CRDP de Champagne-Ardenne, 2006. (Cahiers de l'APIC, n° 5 ; Patrimoine ressources), p. 93-97.
-
p. 56-57
DUCOURET, Bernard. Epernay, Cité du champagne. Images du Patrimoine, n° 264, 2010.
-
p. 20
DUREPAIRE, Catherine, LEROY, Francis, LIMOGES, Sophie. Avenue de Champagne : architecture et société. Langres : D. Guéniot, 1999. (Coll. Patrimoine et innovations). 76 p.
-
p. 178
PEROUSE DE MONTCLOS, J.-M. (sous la dir.). Guide du patrimoine de Champagne-Ardenne. Paris : Hachette, 1995. 432 pages.
-
Le Monde Illustré, 25 septembre 1920.