La cathédrale Saint-Pierre Saint-Paul
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En plus des vestiges donnés à la fabrique en 1807 et des créations originales, le trésor s’est également enrichi de dons et legs. Telle est la provenance de deux livres d’heures enluminés du XVe siècle qui y sont conservés.
Le livre d’heures est un support privilégié de la dévotion des laïcs à la fin du Moyen Âge. Il comporte principalement des prières à dire aux différentes heures canoniales : heures de la Vierge, principalement, mais aussi heures de la Croix, heures du Saint-Esprit, office des défunts, etc.
Le XVe siècle connaît une importante production de ces manuscrits, plus ou moins luxueux selon la qualité du destinataire. Les deux livres d’heures du trésor de la cathédrale sont relativement modestes. De petite taille, ils présentent des encadrements à décor végétal et quelques enluminures en pleine page correspondant aux principales articulations de l’ouvrage. On n’y trouve ni portrait, ni armoiries de leur premier possesseur.
L’un d’eux a toutefois reçu, en 1613, une reliure au nom de Françoise Babeaux. Le manuscrit lui-même a dû être copié dans le premier tiers du XVe siècle. Il présente douze enluminures en pleine page, très proches du style du Maître de la Légende Dorée de Munich. Cet artiste parisien, actif entre 1420 et 1460, se reconnaît à sa palette de couleurs et à sa manière de représenter les animaux et les figures humaines.
Les heures de la Vierge sont illustrées d’un cycle d’enluminures classique, dit de l’enfance du Christ : Annonciation (matines), Visitation (Laudes), Nativité (Prime), Annonce aux Bergers (Tierce), Adoration des mages (Sexte), Présentation au Temple (None), Fuite en Égypte (vêpres). Ces représentations ne sont néanmoins pas dénuées d’originalités : Joseph accompagnant Marie lors de la Visitation, une bergère présente à l’Annonce aux bergers. Ces deux thèmes, sans être exceptionnels, sont rares et généralement plus tardifs. Ce manuscrit comporte également la prière intitulée les « Sept requêtes à Notre Seigneur », introduite par une enluminure très expressive. Le Christ mort, entouré des instruments de la Passion, est pleuré par Marie et Jean. Il est maintenu assis sur le rebord du tombeau par un ange. Cette scène combine de manière originale des éléments de différentes représentations traditionnelles, la déploration du Christ, la mise au tombeau et la messe du pape Grégoire.